La naissance est le premier traumatisme de l’être humain :
Quitter le milieu aquatique, faisant barrage à toutes les agressions, couper le cordon qui alimentait le fœtus de manière permanente lui permettant de ne jamais ressentir les sensations de déplaisir liées à la faim ou à la physiologie du tube digestif, quitter l’obscurité d’une bulle confortable et sécurisante et faire subir la lumière vive à des yeux qui n’y ont jamais été préparés, ne plus être oxygéné par ce cordon ombilical, avoir une impression d’étouffement angoissante qui déclenche chez le nourrisson le réflexe du premier cri pour développer ses poumons, dire adieu aux ondes sonores tamisées et se sentir effrayé à chaque bruit brusque et assourdissant de l’environnement aérien… L’enfant gardera une trace indélébile de cette situation effroyable avec plus ou moins de « séquelles ».
Suite à ce traumatisme, le bébé est immédiatement pris en charge par l’adulte qui saura le rassurer… cette mère qui l’a porté pendant neuf mois, cette mère qu’il avait considérée comme une partie de lui-même, une mère à laquelle il va s’abandonner, dans les bras de laquelle il va se remettre péniblement de ses émotions.
Puis le temps passera, l’enfant se constituera de plus en plus fort et autonome.
Pour un enfant prématuré, les choses peuvent vite tourner au pathologique.
Sa naissance, alors qu’il n’est pas prêt, sera à jamais un événement catastrophique : à l’effroi que ressent tous les nouveaux-nés s’ajoute l’incapacité du prématuré à s’adapter à ce nouvel environnement ; les poumons ne se déploient pas ? On intube ! La lumière est trop vive ? On bande les yeux ! On manipule l’enfant pour le maintenir en vie, on l’enferme dans une couveuse pour qu’il garde une température constante, on le nourrit par sonde ou à la pipette… Sans que cet enfant ne puisse retrouver la chaleur de sa mère.
La peur que ressent cet être est incommensurable ! Pour lui, c’est la mort… Et cette effroyable peur, cette effroyable sensation d’être mort ne quittera plus l’enfant ; l’amnésie infantile que chacun connaît fera très mal son travail : l’individu ne se rappellera évidemment jamais de sa naissance mais cette peur ressentie à l’époque ne le quittera pas :
« Maman !!! Au secours !!! Aide moi !!! Non, ne me laisse pas ! J’ai peur ! »
Hypersensibilité (tant émotionnelle que sensorielle), peur du rejet, de l’abandon, dépendance affective, sensation de ne jamais être là au bon moment, de déranger…
Et finalement s’enfermer dans des rêveries pour échapper à l’atroce réalité ! Rêver sa vie pour ne pas avoir à la vivre, se cacher des autres pour ne pas subir le rejet, vivre dans l’obscurité pour ne pas être agressé par la lumière, éteindre la télé, la radio, ne pas supporter le moindre bruit…
Il s’agit de l’histoire d’un bébé prématuré dans les années 70, époque à laquelle la méconnaissance du psychisme du nourrisson était criante, époque à laquelle on prenait Freud, Lacan, Winnicott pour des allumés, époque à laquelle le maternage, le peau à peau n’existaient pas…
Ce début de vie s’est si bien ancré dans l’esprit de cette personne qu’elle a revécu cet événement traumatique encore et encore tout au long de sa vie, de sa vie affective notamment (et bien logiquement d’ailleurs). Ce bébé devenu adulte a gardé cet état de dépendance à l’autre et cette idée que « si l’autre me laisse, je meurs ».
Alors pour éviter la mort, il fallait partir avant d’être laissé…
L’hypersensibilité, la tendance abandonnique, la dépendance affective ont une origine extrêmement précoce… Et dès les premières séances d’analyse, ces problématiques se repèrent dans le discours du patient.
Rassurer, envelopper, écouter, accompagner, soutenir par le regard, par la parole, être le miroir valorisant qu’ils n’ont pas eu au moment de la constitution de leur moi, porter, bercer… telles sont les premières actions du psychanalyste, du psychothérapeute, du coach face à ces patients restés figés dans l’état de sidération qu’a provoqué ce trauma.
Si vous éprouvez des difficultés à surmonter votre stress, n’hésitez pas à me contacter :